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Eglise catolique et nazisme #2

Les contre-propositions catholiques[modifier |

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Parallèlement à la prise de position des évêques, les représentants de toutes les grandes organisations catholiques se réunissent sous les auspices du VKD pour discuter des moyens d'endiguer la marée brune[6].

Les résultats des délibérations, publiés en 1931 reflètent une sorte de surenchère au nationalisme : Le souhait est émis de créer un vaste mouvement populaire qui appuierait la campagne menée pour libérer le pays des chaînes du traité de Versailles, qui placerait les valeurs éducatives et nationales au centre des activités éducatives, qui accorderait plus d'attention aux minorités allemandes d'Europe centrale. Il est également noté que le peuple allemand doit se libérer de son assouvissement « à la ploutocratie et au capitalisme financier ». Guenter Lewy note : « Il semble que ces dirigeants catholiques n'aient pas songé un seul instant qu'ils essayaient d'exorciser le démon avec l'aide de Belzébuth » [7]

Le monde catholique allemand n'est pas uniforme, et il a existé en son sein des critiques totales du nazisme, mais la majorité des polémistes catholiques dirigent leurs coups contre le communisme. La plupart des critiques catholiques voient dans le nazisme un fond sain, celui du nationalisme et de l'antibolchévisme, perverti par des éléments antichrétiens. Ils regrettent qu'il ait pris le caractère d'une philosophie de la vie, d'une Weltanschauung au lieu de rester un mouvement patriotique. La menace contre la démocratie n'inquiète pas vraiment les prélats catholiques qui sont souvent restés hostiles à la République de Weimar. L'opposition du parti nazi aux écoles confessionnelles inquiète davantage l'Église que la menace dictatoriale.

La montée des périls[modifier |

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En dehors des prises de position plus ou moins philosophiques, la participation des SA en uniforme est un motif de conflit entre l'Église catholique et les nazis.

Les évêques bavarois, réunis à Freising le 12 février 1931, interdisent aux prêtres de prendre part au mouvement nazi, interdisent la présence de formations national-socialistes en uniforme dans les offices et mettent en garde les fidèles contre le national-socialisme « aussi longtemps qu'il adhérera […] à un programme religieux et culturel incompatible avec la doctrine catholique »[3].

La prise du pouvoir par Hitler[modifier |

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Entre 1928 et 1931, le Parti du centre catholique qui est la charnière des majorités parlementaires de la République de Weimar bascule du côté de son aile droite[8]. Ludwig Kaas, un ecclésiastique, est élu à la tête du parti. Avec son aide, Heinrich Brüning devient chef du groupe parlementaire et sa nomination comme chancelier en 1930 signifie la dislocation de la grande coalition qui en réunissant avec le Parti du Centre les sociaux-démocrates et le parti du Peuple qui avait formé l'ossature de la République de Weimar. Brüning qui déclare être responsable devant la Nation davantage que devant le Parlement gouverne souvent par décret et conformément à la stratégie catholique, mène une politique étrangère nationaliste pour ne pas laisser ce terrain aux seuls nazis. Aux élections de juillet 1932, ces derniers obtiennent 37,4 % des voix. Le Parti du Centre et son allié bavarois en obtiennent 15 %, soit 13 millions de voix, ce qui n'est pas un mauvais score, mais on estime que 2 millions de catholiques ont quand même voté pour les nazis[8]. La conférence des évêques de Fulda confirme quand même qu'il est « inexcusable que beaucoup de catholiques rejoignent le parti national-socialiste ».

Le 30 mai 1932, le président Hindenburg renvoie Brüning et le remplace par Franz von Papen, un catholique intrigant, membre du parti du Centre et immédiatement exclu du parti, mais des négociations se poursuivent entre Hitler et Brüning en vue de former un gouvernement d'union nationale. Ces contacts aboutissent dans un premier temps à l'élection du nazi Hermann Göring à la présidence du Reichstag.

Ces négociations sèment la consternation parmi beaucoup de catholiques, notamment les membres du clergé qui voient de plus en plus de nazis assister ostensiblement, en uniforme, aux offices catholiques.

Le 30 janvier 1933, appelé par Hindenburg et soutenu par Von Papen, Hitler devient le dernier chancelier de la République de Weimar. En quelques mois tous les éléments de la vie démocratique allemande sont démontés. Le processus par lequel le nazisme s'attache à éradiquer toutes les formes d'expression indépendantes de la société s'appelle la Gleichschaltung. Les diverses institutions catholiques seront naturellement concernées. Aux élections de mars 1933, le NSDAP, avec 44 % des voix n'a pas encore la majorité absolue. Pour s'opposer à Hitler, une alliance entre tous les autres partis, incluant, entre autres, le Centre et les communistes du KPD est, à cette époque, complètement inenvisageable. Le 23 mars, les députés du Centre votent les pleins pouvoirs à Hitler.

Un courant dans le nazisme représenté par exemple par Alfred Rosenberg, nourrit des projets de fonder un « christianisme allemand », projets qui sont condamnés en 1937 dans le chapitre Vraie Foi en Dieu de l'encyclique mit brennender sorge

" Prenez garde, Vénérables Frères, qu'avant toute autre chose la foi en Dieu, premier et irremplaçable fondement de toute religion, soit conservée en Allemagne, pure et sans falsification. Ne croit pas en Dieu celui qui se contente de faire usage du mot Dieu dans ses discours, mais celui-là seulement qui à ce mot sacré unit le vrai et digne concept de la Divinité. Quiconque identifie, dans une confusion panthéistique, Dieu et l'univers, abaissant Dieu aux dimensions du monde ou élevant le monde à celles de Dieu, n'est pas de ceux qui croient en Dieu" écrit le pape condamnant ainsi l'idée d'un dieu « national » avant de brocarder « une prétendue conception des anciens Germains »[9].

Personnellement, Hitler se moque du christianisme plus encore que Rosenberg[10]. Il préférera encourager l'établissement d'une mythologie encore assez vague de la « germanité ». « J'ai toujours dit à Rosenberg qu'on ne s'attaque ni aux soutanes, ni aux jupons » déclare Hitler au financier Schacht[11].

Le concordat du 20 juillet 1933[modifier |

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Article détaillé : Concordat du 20 juillet 1933.

Le pape Pie XI mène une politique très active de négociation et de signature de concordats ; dix-huit seront signés au cours de son pontificat. Il en négocie avec tous types de régimes : autoritaires, démocratiques, socialistes (comme l'URSS) ou fascistes (comme l'Italie), en parvenant souvent à un accord[12]. Par cette politique, il cherche à protéger les catholiques et préserver les institutions de l'Église et de la famille chrétienne, dans deux domaines en particulier : l'éducation et le mariage.

La recherche d'un concordat avec l'Allemagne s'inscrit dans la continuité de concordats signés avec plusieurs länder : la Bavière (29 mars 1924), la Prusse (24 juin 1929) et le pays de Bade (12 décembre 1932), tous dans des conditions globalement favorables à l'Église catholique. Le nonce apostolique en Allemagne, Mgr Pacelli, acteur des concordats précédents, avait engagé des négociations avec la République de Weimar dès le début des années 1920 pour obtenir un accord au niveau fédéral, mais les différents projets n'ont jamais pu faire l'objet d'un consensus parmi les partis non catholiques du Reichstag.

L'arrivée du Parti nazi au pouvoir en janvier 1933 change la donne. Aux côtés d'Hitler, Franz von Papen est nommé vice-chancelier. Pie XI relance les négociations au mois de mars, pour un accord au niveau fédéral. Il s'appuie sur Mgr Pacelli, devenu secrétaire d'État du Vatican, Mgr Gröber, archevêque de Fribourg, et Mgr Kaas, président du Zentrum. Les négociations se déroulent très rapidement. Le 20 juillet, la convention est signée. Von Papen y voit une grande victoire contre le bolchévisme ; Pie XI un accord « inattendu et inespéré » évitant un nouveau Kulturkampf.

Si le Zentrum disparaît, l'Église catholique romaine est reconnue pour la première fois dans l'ensemble du Reich ; les associations, les œuvres de jeunesse, l'école confessionnelle se voient accorder des garanties ; les biens confisqués sont restitués.

Autour du concordat s'articule ce que Guenter Lewy a appelé la « grande réconciliation » des catholiques et des nazis[13]. Après une période qui avait vu l'Église se positionner contre le NSDAP, par exemple, en interdisant l'adhésion à ses fidèles, les années 1933-1934 est celle de la levée des interdits. En juin 1933, juste avant la signature officielle du concordat, une nouvelle conférence épiscopale se tient à Fulda et aboutit à une lettre pastorale signée de trois cardinaux Bertram, Faulhaber, Schulte d'un archevêque Gröber et de deux évêques, Ehrenfried et Preysing.

Cette lettre situe la gravité du contexte, de vieilles institutions qui disparaissent et un nouvel État qui prend forme, rappelle l'amour que les catholiques allemands ont toujours porté à leur patrie, font une analyse plutôt positive du nouveau régime :

« Notre Sainte Église catholique attache une valeur et une signification particulière au principe d'autorité... nous autres catholiques, nous n'éprouvons aucune difficulté à rendre hommage à la manière nouvelle et vigoureuse dont on insiste sur le principe d'autorité dans l'État allemand ».

La lettre émet bien une petite réserve en forme de souhait que l'État, prenant exemple sur l'Église « ne limiterait la liberté humaine que dans la mesure où l'exigerait le bien commun », mais finalement, les évêques se réjouissent des efforts des nouvelles autorités pour libérer le peuple allemand :

"Après des années de servitude... la nation allemande doit de nouveau avoir, dans la famille des nations la liberté et la place d'honneur qui lui sont dues, à cause de son importance numérique, de ces capacités et de ses réalisations culturelles..." [14].

Ainsi, les évêques catholiques, pris en corps constitué, ne réagissent pas à l'instauration d'un régime à parti unique, ils parlent d'un renouveau moral au moment où se déchaîne la terreur brune[15]. À cette époque, il est vrai, les églises protestantes, la plupart des intellectuels, et bien des gens à l'étranger ne montrent pas plus de flair politique[16].

C'est cet aveuglement (parallèle à de nombreuses résistances, il est vrai) que dénonce le pape en 1937 lorsqu'il écrit :

"Mais la franchise qui convient à Notre charge apostolique, si pleine de responsabilités, et la décision de mettre sous vos yeux et sous les yeux de tout l'univers chrétien la réalité dans toute sa gravité Nous obligent d'ajouter : « Il n'est pas de plus grand chagrin, ni de douleur plus amère à Notre cœur de Pasteur, que d'apprendre que beaucoup abandonnent le chemin de la vérité. » (encyclique Mit brennender Sorge [17])

Les premières années du pouvoir nazi (1933-1938)[modifier |

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Dans les années 1933-1938, l'établissement de l'état totalitaire nazi va nécessairement aller à l'encontre de l'indépendance des Églises et des dispositions prévues par le concordat. Face à cette situation, l'attitude de l'Église catholique sera un mélange d'accommodement, de tentatives d'intégration à l'intérieur du système nazi, d'une part, et de résistances aux empiètements du pouvoir qui violaient le concordat, d'autre part.

Les motifs de conflits apparaissent dès l'année 1933 où la terreur à laquelle sont soumis tous les ennemis des nazis et opposants potentiels n'épargnent pas les prêtres, nombreux à être arrêtés. À Munich, pour stopper l'arrestation de prêtres, le délégué spécial SA exige à la fois la réhabilitation d'un prêtre suspendu pour avoir publié un article pro-nazi et la destitution du Dr Emil Mulher, antinazi qui est à la tête de l'action catholique. Le cardinal Faulhaber cède sur les deux points[18]. Mulher sera finalement arrêté le 29 novembre 1933 pour avoir répandu des récits sur les atrocités commises dans les nouveaux camps de concentration de Dachau.

Le 28 juin 1933, une vague d'arrestations déferle sur la Bavière, 1 900 personnes sont arrêtées parmi lesquelles beaucoup de notabilités catholiques. Ce n'est qu'après que le Parti du Peuple parti catholique bavarois, proclame sa dissolution, le 4 juillet que les prisonniers sont relâchés.

La signature du concordat et sa ratification le 10 septembre marque une détente dans les relations entre l'Église et le nouveau pouvoir, mais le démantèlement d'une grande partie des organisations catholiques va créer une situation de contentieux permanent. Les Jeunesses hitlériennes (JH) créées en 1933 ont vocation à accueillir tous les jeunes Allemands. Leur chef Baldur von Schirach avait interdit la double appartenance aux JH et aux Jeunesses catholiques. Des négociations se déroulent jusqu'au mois de juin 1934 pour parvenir à un accord sur l'application de l'article 31 du concordat : toutes les associations sportives et ouvrières gravitant autour de l'Église sont incorporées à l'Action catholique qui est censée limiter ses actions au domaine purement religieux, culturels ou charitables. les dirigeants possédant un passé politique doivent être remplacés. Pendant tout le temps des négociations, les JH avaient entrepris une vaste campagne de recrutement en appelant les jeunes catholiques à abandonner leurs dirigeants.

Au lendemain de cet accord surviennent les évènements du 30 juin connus sous le nom de nuit des Longs Couteaux et qui ne sont pas seulement un règlement de comptes contre le chef des S.A. Ernst Röhm, chef des SA. Des personnalités catholiques sont assassinées : Erich Klausener, chef de l'Action Catholique de Berlin, Adalbert Probst, chef de l'organisation sportive catholique, Kuno Kamphausen, ancien membre du Zentrum, E. J. Jung, avocat munichois qui œuvrait à la destitution du nouveau chancelier et voulait rétablir un Reich chrétien et fédéral, Fritz Gerlich, calviniste converti au catholicisme, dont le journal était en possession de documents compromettants pour les nazis[19].

Le 27 avril 1934, le chef de la Deutsche Arbeitsfront (DAF : Front allemand du travail, sorte de syndicat officiel) interdit la double appartenance à la DAF et aux organisations catholiques ouvrières. Comme il est indispensable d'appartenir à la DAF pour trouver un emploi, cette décision implique la mort de toutes les associations ouvrières catholiques.

En juillet 1935, le ministre de l'intérieur Wilhelm Frick lance une nouvelle campagne contre les organisations catholiques. Les évêques envoient une lettre à Hitler, menacent de recommander aux fidèles de ne plus envoyer leurs enfants aux JH, ce qui s'avère impossible, car les pressions exercées sur les parents sont bien trop fortes. La dissolution des associations d'étudiants catholiques devra attendre 1938.

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